Tukki
Pour la première fois chez Templon Bruxelles, le peintre franco-sénégalais Alioune Diagne dévoile à travers l’exposition «Tukki», une vingtaine de tableaux autour de la notion de voyage, de mouvance et de déplacement.
Composée d’une image figurative créée à partir d’un nombre infini de motifs, l’oeuvre de Diagne interpelle par sa complexité et le dynamisme de ses scènes qui dépeignent le quotidien de la communauté noire et de la diaspora africaine à travers le monde.
L’exposition se déploie à travers une palette chatoyante : le vert citron côtoie l’indigo et l’aigue marine et le jaune canari dans une explosion de couleurs vives. Dans cette série, les toiles flirtent plus que jamais avec l’abstraction. De prime abord, l’oeil se perd dans l’infinité de signes qui compose la toile et dont aucun n’est identique. Mais c’est en s’éloignant que les toiles se livrent dans des scènes locales prises sur le vif.
L’une dépeint une scène de marché tandis qu’une autre montre un regroupement matinal sur la place publique. Sous une apparence de légèreté, ces scènes sont pourtant l’occasion pour l’artiste de s’interroger sur l’ambivalence du « tukki », du voyage en Afrique, rappelant ainsi l’expérience de son père qui, en quête d’un nouveau travail, se trouvait contraint, aux côtés de ses pairs, au long et lointain déplacement.
En repoussant les codes de la peinture figurative, Diagne se place ici en fin observateur de nos sociétés occidentales et des communautés africaines. « Un européen à l’étranger est qualifié d’expatrié » explique l’artiste, « tandis que la diaspora africaine, les ‘modu modu’, est davantage qualifiée d’‘immigrée’. C’est une nuance de langage très subtile qui témoigne pourtant d’une différence sourde encore bien ancrée dans nos sociétés. »
Enrichie de ses propres voyages, l’oeuvre de Diagne vise cependant à valoriser la dignité de cette diaspora et communauté africaine dans laquelle il a grandit. « A travers cette peinture du quotidien, je cherche à rendre à la communauté noire la gloire qui lui est due. Ce ne sont pas des personnages en souffrance que je dépeins mais bien un peuple dans toute sa beauté et toute sa puissance».
Né en 1985 à Kaffrine au Sénégal, Alioune Diagne vit et travaille au Sénégal et en France. Après des études à l'École des Beaux-Arts de Dakar en 2008, Alioune Diagne développe une écriture imaginaire, langage universel et récit intime de fragments de sa vie à Dakar et de ses voyages. Artiste engagé, il ouvre la voie à une exploration approfondie des grands enjeux du monde actuel : l'écologie, la place des femmes dans la société, le racisme ou encore les notions de transmission et de patrimoine. Depuis 2011, son œuvre a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles et collectives en Europe, en Afrique et en Asie,
dont « Sink or Swim », 11ème Biennale de Dakar, Villa Spivey, Dakar, Sénégal, 2014 ; « Itinéraire en Couleurs », Espace Jean Drevon, Saint-Jean-de-Bournay (France), 2014 ; l’exposition hors-les-murs d’Art Basel, 2017, Bâle ; « Un nouveau regard », Aoste, Italie, 2017. Son œuvre fait également partie de la collection nationale du Sénégal depuis 2019. En 2022, l’œuvre de Diagne est présentée dans une exposition de la biennale Dakar 2022 au Grand théâtre de Dakar. Lauréat du Norval Foundation’s Public Vote Prize en 2023, il est également exposé aux Pays-Bas dans le cadre de l'exposition collective « Africa Supernova » ainsi qu’aux musée des Beaux-Arts de Rouen avec une exposition personnelle « Ndox-Glint ». En janvier 2024, son travail a été exposé dans « Seede » à la galerie Templon à Paris et en avril 2024, il a eu l’honneur de représenter le pavillon sénégalais dans « Bokk – Bounds » lors de la 60ème Exposition d’Art Internationale – La Biennale di Venezia. Il est représenté par la galerie Templon depuis 2022.