Martin Barré

Les objets décrochés

Une nouvelle figuration ? Les toiles qu’expose Martin Barré représentent toutes des objets —à première vue. L’appareil photographique ayant remplacé le pinceau (le couteau, la bombe) la « fidélité » va de soi : on chercherait en vain une « déformation » ou une « présence personnelle » […].

La peinture naît de l’approximation, du jeu dans le jeu, de la différence dans la répétition. Ce n’est pas tout. Sur ces toiles, on ne voit pas simplement les objets que l’on voit, à côté d’elles ; on voit aussi comment on les voit. L’art du XXe siècle a rendu évidente cette propriété de l’art de toujours : l’œuvre raconte sa propre création. Ce qu’une toile exhibe, c’est comment elle est faite ; un texte, comment il s’écrit. Mais, l’écriture et la lecture, le geste qui laisse une trace et celui qui la ranime ne sont pas contradictoires ; plus même ils s’imitent l’un l’autre.

Tzvetan Todorov :Préface de l’exposition, mai 1969

L’artiste