Léonard Martin

Chef Menteur

Pour sa première exposition dans l’espace parisien de la galerie Templon, Léonard Martin présente les œuvres issues de sa résidence à La Nouvelle-Orléans, réalisée dans le cadre de la Villa Albertine.

L’exposition rassemble une quinzaine de toiles inédites et une sculpture. Chef Menteur, titre emprunté à une autoroute traversant la Nouvelle-Orléans, évoque la frontière incertaine entre apparence et vérité.

Plongé au coeur d’une Louisiane marquée par les tensions sociales et raciales, les dérèglements climatiques et les désastres écologiques, l’artiste a choisi d’explorer le carnaval, cet espace paradoxal où le burlesque côtoie le tragique, où la déraison répond à la rigueur d’un monde débordé. Lieu de croisements et de contrastes, le carnaval de La Nouvelle-Orléans réunit catholiques et protestants, créoles et caribéens, noirs et blancs, femmes et hommes, riches et pauvres. Véritable microcosme social, il expose la comédie humaine à ciel ouvert : les fiertés s’y affichent, les inégalités s’y rejouent.

Dans ce tumulte festif, où les chars déversent des flots d’objets en plastique, Léonard Martin a collecté ces fragments éphémères pour les réinvestir dans sa pratique picturale. Les déchets plastique deviennent la matière première d’une réflexion à la fois politique et écologique, symbole d’un monde saturé, où le plastique envahit les rues, l’eau et jusqu’au sang.

Inspiré par la structure éclatée du réel, Léonard Martin compose une suite d’images fragmentaires, entre souvenirs et visions, traces et récits. Ses oeuvres reposent sur des procédés de montage empruntés au cinéma et à la littérature : le cut-up, qui consiste à fragmenter et recomposer le réel, et le stop motion, qui introduit une idée de mouvement par séquences. Leurs effets conjugués produisent des compositions discontinues, où chaque peinture semble extraite d’un film mental. Chaque toile, chaque motif, fonctionne comme une saynète politique à plusieurs entrées. Le carnaval, parodie sublime du monde contemporain, y révèle l’éternelle tension entre le visible et le vrai, entre masque et visage.

Parade Tracker II

Détails

L’artiste

Né en 1991 à Paris, Léonard Martin vit et travaille actuellement dans la capitale française. Dès la fin de ses études aux Beaux-Arts de Paris en 2015, il enchante la scène artistique française par son travail mêlant peinture, cinéma d’animation, film de marionnettes et sculpture mécanique.
Pensionnaire à l’Académie de France à Rome – Villa Médicis en 2018-2019, il créé à partir de dessins et de papiers, de précieuses sculptures qu'il anime au moyen du « stop-motion », d'un moteur ou encore, plus tard, grâce à la vidéo. Parfois, il fait une pause dans sa construction de marionnettes et automates et fige en peinture le théâtre d'objets de son atelier. Empruntant largement ses thèmes à la littérature ou à l'histoire de l'art, il matérialise par exemple les déambulations des personnages du romancier et poète irlandais James Joyce avec des personnages en bois sur rail et se sert des cavaliers du peintre italien Paolo Uccello comme prétexte à la création d'une œuvre interactive. Martin joue manifestement de la perspective, des étiquettes culturelles, « peinture », « sculptures », notamment pour provoquer dans ses saynètes un dialogue entre médiums et époques.

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