Jaume Plensa

Bruits
11 septembre > 19 octobre 1999
Paris - Beaubourg


Sélection d'œuvres
Communiqué de Presse




Jaume Plensa : Bruits

11 septembre – 19 octobre 1999

Pour sa troisième manifestation à la galerie, Jaume Plensa présente un ensemble de sculptures récemment montrées au musée Kestner Gesellschaft à Hanovre.
Trois paires de gongs sont ici exposées. Ces corps métalliques résonnant, de 130 centimètres de diamètre, sont suspendus au bout de cordes rouges. Auprès de chacun d’eux se trouvent des maillets permettant au visiteur de les faire retentir. Assemblés par deux, ces gongs sont des tandems conceptuels au centre desquels sont gravés des mots antinomiques tels que « Day – Night », « Born – Die », « Desire – Dream », « Air – Earth ».
A l’extrémité de cet ensemble de gongs se trouvent deux bancs, intitulés Scare of Darkness, réalisé en nylon blanc et en acier inoxydable. Sur chacun d’eux sont gravés des noms désignant différentes parties du corps humain (yeux, lèvres, ongle…), deux lampes de chevet, ayant la forme d’un bonhomme de neige, les éclairant. La présence de ces bancs blancs permet de créer un équilibre entre le calme méditatif qu’ils inspirent et le son violent des gongs.
Pour Plensa, « La sculpture ignore la fiction. Elle n’est pas une affaire de matériaux, mais d’émotion. Elle n’est pas une affaire de volume ou d’espace, mais de temps ». Elle est le lieu même où la pensée prend forme.
Le travail de Plensa ne connaît pas de limitation dans l’utilisation des matériaux. L’artiste emploie la résine, le bronze, le nylon et l’acier mais aussi la lumière et les mots, ces derniers étant eux aussi des entités sculpturales. Il aime jouer avec des principes contraires – pleins/vides, léger/lourd, opaque/translucide, bruit/silence – et des notions comme la mémoire, l’absence, le désir, l’impossibilité et le rêve. Le texte qui suit, écrit par Jaume Plensa, exprime l’esprit des œuvres exposées ici :
« Bruit »
Le silence est un désir, un rêve, une aspiration, quelque chose si inconnu si inaccessible que nous ne pouvons que l’imaginer.
Souvent, nous parlons du silence : une maison silencieuse, la quiétude et le silence du paysage, le silence d’un hôpital ou d’un temple, le silence de la nuit, etc.
Mais en aucun cas, ce silence n’est réel. Notre silence est le bruit.
Le bruit comme unique pont entre le son et le silence, entre ce que nous connaissons et ce que nous souhaitons.
Aussitôt que tout se tait et devient muet, que nous croyons atteindre le silence, nous découvrons que quelque chose s’interpose, quelque chose d’aussi proche et familier que notre propre corps. Notre corps bruyant.
Pour Blake, une pensée remplit l’immensité. Peut-être une pensée n’est-elle qu’un bruit de plus de notre corps et notre corps un bruit de plus de la vie.
Je vous invite à écouter ces bruits.
Je vous invite à imaginer le silence.